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L'histoire de la Diana plaine

Le début...

Chemin dans la forêt de Bryan Gremaud

Fondée en 1899, juste après la seule du Valais, la Diana de Sierre, la Diana Plaine comptait alors 55 membres chasseurs1. De cette période, peut de choses ont survécu, mais nous savons qu’il y eut que jusqu’en 1927 deux présidents2, Mastaï Carraux et Henri Bioley, le premier étant en fonction au début et à la fin de cette période. Un livre de caisse aujourd’hui disparu, dévoilait la situation et les préoccupations de cette époque. En tout cas, notre Diana connu une belle naissance. A noter que dans les 55 membres susmentionnés, elle comptait huit Genevois et quatre autres étrangers. Et quelle cotisation ! Cinq francs de l’époque, ce qui équivaut à au moins 200 de nos francs3!


Une révolution cynégétique4

Coucher de soleil vu d'Yvorne, de Bryan Gremaud

Dans le district de Monthey, nous n’avions plus de cerf alors qu’au XIX siècle, il n’était de loin pas éteint. Les conditions de vie précaire, les disettes et les familles nombreuses avaient forcé les gens au braconnage et fait disparaitre les grands ongulés à part quelques rares chamois. La situation était pareille pour tout le Bas-Valais.

Léo Favre des Giettes sur Monthey, successivement président de la Diana Plaine, de la Diana valaisanne et de Diana Suisse et rédacteur de la revue Diana, entreprit la réintroduction du cerf car il était en surnombre en Entremont. En effet, des cerf autrichiens y avaient été lâchés dès 1926 et s’étaient reproduits à l’envi. Les dégâts occasionnés par cette pléthore étaient tels que les gardes-chasses devaient en tirer chaque année. Ainsi, des reprises furent organisées pour réintroduire ce bel animal
dans tout le canton. Notre ami garde-chasse Oscar Darbellay devint grand spécialiste de ces reprises qu’il exécutait à la main dans la grosse neige, recevant quelques fois de sévères coups de pieds mémorables.

C’est en 1971, le 21 avril qu’en Combe sous les Cerniers, 7 femelles et 1 male furent lâchés en présence notamment du commandant de la Police cantonale M. Schmid, d’Edgard Bavarel président de Monthey, Joseph Rithner vice-président, Louis Riboud garde-chasse, Mme Solange Breganti, une des premières journaliste féminine du Valais. Ainsi, l’événement fut relaté dans l’hebdomadaire Construire car la journaliste qui signait ses billets d’humeur du pseudonyme « Ciboulette », était en clair une collaboratrice.

Dans la région, d’autres cerfs furent relâchés : le 27 avril 1972, 1 femelle et un mâle, le 1er mai 1973, 2 femelles et 2 mâles. La souche évolua si bien qu’en l’an 2000, un témoin digne de foi, grand chasseur de cerf, a pu observer une harde de 37 cerfs dans la région. On ne connaît pas la raison pour laquelle la société a été fondée. Mais il semble bien que ce fut pour résoudre des problèmes que le particulier ne pouvait faire seul : encourager les gardes-chasses, lutter contre les renards et repeupler les forets en gibier.

 

feuilles d'automne, de Bryan Gremaud

La Diana, en 1900, donne au garde une prime de 20 fr. pour un délit d’affut, de 10 fr. pour un délit de chasse au chamois, de 2 fr. pour des chiens errants. Et les renards n’avaient pas la vie facile : ils consommaient par année un demi-kilo de strychnine5. L’abondance du gibier, à cette époque, semble plutôt du domaine de la légende (voir aussi le paragraphe « une révolution cynégétique »), si l’on regarde les nombreuses et grosses factures : en 1901, par exemple, on verse 886 fr. pour 40 hases et 205 fr. pour 15 paires de perdrix. En 1922, on paie à un fournisseur de Paris la coquette somme de 2552 fr. pour 40 lièvres et 25 faisans. A noter que cette volonté à perdure dans les années, dans la mesure où mon prédécesseur Serge Mariéthoz à fait les derniers lâchés de lièvres sur le domaine des Barges en 2009…

 

Dès sa fondation, la société est invitée à discuter sur la révision de la loi sur la chasse ; dans ce but, le 18 février 1901, MM.A de Lavallaz et M.Carraux se rendent, par le chemin de fer, à Sierre pour y rencontrer la seule société sœur du moment (Diana de Sierre).

Sous la longue présidence de M. Paul Contat, les éternels problèmes alimentent régulièrement les assemblées. A la lutte contre les nuisibles, s’ajoute l’attaque des forts de St-Maurice : en 1938, le Comité décide de protester auprès des Forts contre les tirs effectués dans la région de Châble-Croix. Mais aussi des événements mémorables : M. Contat est, avec son successeur, M. Auguste Duchoud, en 1933, membre fondateur de la Fédération Valaisanne des Sociétés de Chasse (FVSC6). En 1935, Monthey reçoit magnifiquement l’Assemblée générale de la Diana Suisse ; fête qui se termine sous les sapins de Morgins.

Les problèmes éternels, on les trouve évoquées, en 1944 dans la « Feuille d’Avis de Monthey » ; voici des extraits de l’article :

Une triste réalité : l’agonie d’un beau sport qui se meurt étouffé par le progrès et la mécanisation. Un printemps favorable aux nichées et aux couvées, un été plein de promesses. En automne, déception.
De Massongex au Bouveret (exception faite de la réserve), il ne reste pas 10 lièvres. Tous ont été repères, presque catalogués ; ils ne survivront pas au 15 novembre : « Inutile de perdre une matinée au bord du Rhône, le livre du pied de la Vièze7 a été tiré hier ». Dans quelques années, seuls ceux qui ont le privilège d’habiter près d’une réserve fédérale pourront encore prendre leur permis avec succès.
Les chasseurs de notre région sont découragés de créer des réserves utiles : ils se privent pendant deux ans du plaisir de chasser dans ces parcelles giboyeuses ; ils font des sacrifices financiers pour leur repeuplement pour arriver au résultat suivant : les premiers jours d’ouverture, lorsque les bans sont levés, de tout le canton viennent des chasseurs par équipes nombreuses.
Ils se taillent la part du lion, font le vide, puis rentrent chez eux où ils bénéficient d’une seconde ouverture.
Raisons de la disparition du gibier : braconniers, renards, rapaces, corvidés, chiens-loups, chats errants. Mais il faut bien reconnaitre que nous chassons trop : 90 chasseurs dans le district, pourvus de fusils perfectionnés ?
N’oublions pas que c’est en Valais que l’on chasse le plus et à meilleurs compte : Vaud et Fribourg protègent la chevrette et observent des jours de trêve. Le prix de leur permis est le triple du nôtre.

Et ce tocsin sonné en 1944 ! Cela laisse rêveur plus de 65 ans après, quand on songe aux battues au sanglier notamment…

En 1947, M. Auguste Duchoud, qui depuis de nombreuses années se dépensait au service de la Diana, accède à la présidence. Il livre bataille au Service de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF8), pour maintenir les réserves de la plaine de Muraz-Collombey : les 100 lièvres faisaient trop de dégâts aux cultures ; il obtient gain de cause, à la condition qu’une action punitive soit dirigée contre les méchants. Mission couronnée de succes. Succes également dans la création de traditions : le shaslik (brochette de viande grillée) et le « diplôme » pour lequel le président a posé devant l’artiste. Rouge9.

Sous la présidence de M. Max Besse, on nourrit le gibier pendant l’hiver : on dépose au pied des monts des tas de betteraves, pour empêcher les lièvres de s’attaquer aux arbres. Résultats concluants. Bien plus, la Diana a acheté de la « Véroline » une sorte de répulsif, qui est distribuée aux propriétaires d’arbres fruitiers ; mais ceux-ci n’ont même pas pris la peine de s’en servir.

Le successeur, M.Gustave Cergneux, rencontre quelques préoccupations : le maintien des réserves ; l’idée de la création d’un parc d’élevage et de l’introduction du cerf. Dans le but de cultiver l’union entre chasseurs, il insiste pour que les chasseurs de chaque commune puisse fixer leur propres réserves.

 

En 1970, La menace fédérale de supprimer l’importation du lièvre et son prix exorbitant obligent à envisager sérieusement la création d’un parc d’élevage. Sous la conduite dynamique du président de l’époque
M. Léo Favre, on se met au travail. On fit des recherches sur l’élevage du lièvre. Les chasseurs bénévoles, sous le soleil ou sous la tempête de neige, clôturent 20'000 mètres carrés. 1'600 heures de travail ! Ce parc a donné de bons résultats ; des accidents sont survenus, dus à un hiver rigoureux et aux prédateurs. Mais, un nouveau système d’élevage complète le parc : l’élevage sur treillis, qui donnait, dans la Diana d’Hérens, d’excellents résultats. Signalons encore que dans cette période, d’importants lâchés de lièvres ont été effectues, ainsi que des bouquetins et des chamois. Pour terminer dans la région des Dents-du-midi des cerfs ont étés lâchés.

 

1 « Billet du président », dépliant de l’inauguration des costumes de la Diana, E. Ducrey, 1984.
2 « Historique », dépliant du 70e anniversaire de la Diana, F.Plancherel, 1970.
3 Selon estimation J-Ph.Richon, 2011
4 « Tables de chasse », Fédération Valaisanne des Sociétés de Chasse, 2009.
5 La strychnine est un alcaloïde très toxique extrait de la noix vomique, fruit du Strychnos nux-vomica, Wikipedia
6 www.FVSC.ch 
7 Rivière qui coule du fond du Val d'Illiez pour rejoindre le Rhône au niveau de la commune de Monthey.
8http://www.vs.ch/scpf
9 Frédéric Rouge est un peintre suisse né à Aigle le 27 avril 1867. Il vécut à Ollon depuis 1903, dans sa propriété "Les Cèdres", où il est décédé en 1950, Wikipedia 2010.

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